Un mois avant la Colombie...

Elle se tenait debout, face à eux. Un sentiment étrange de malaise s'était emparé d'elle comme à chaque fois qu'elle passait devant eux, ses supérieurs. Elle n'aimait pas ses moments-là où elle se sentait contrainte, observée, avec l'impression que le plus infime de ses gestes entraînerait une désapprobation de sa tenue dans le rang des indépendants de la famille Millefiore. Parmi eux, il y avait des membres de la famille Giglio Nero. Ils étaient impressionnant de leur prestance, de leur carrure imposante et surtout de leurs regards haineux. Au-delà de son appartenance à la famille Gesso, la jeune femme restait persuadée que c'était ses cheveux verts qui lui attiraient de tels oeillades. Elena n'était pas du genre à fuir ou se cacher, alors, toujours, elle les affrontait dignement, mais ce sentiment subsistait et elle avait fini par penser qu'il y avait dans ses entretiens quelque chose de malsain. C'est pourquoi lorsqu'elle quitta la salle, elle ne put s'empêcher de souffler et de s'étirer. Une chose de faite. Une bonne chose.

Elle n'était pas et n'avait jamais été de nature calme, cependant, à ses instants où, après avoir eu le souffle court, elle respirait de nouveau normalement, elle était prise d'une douce quiétude. Il lui semblait que rien ne pouvait troubler cette sérénité. Et là, seule, marchant dans ce couloir à la blancheur oppressante, elle se sentait légère. Tellement qu'elle aurait probablement pu se mettre à sautiller si elle n'avait pas porté un lance-rocket sur le dos. Quoique, cela n'était pas vraiment dans ses habitudes. Elle était par nature peu habituée à se laisser aller comme une gamine, un certain respect du raisonnable dans la foudre de son caractère.

Sa marche ne se faisait pas au hasard. Elle avait toujours un but, un chemin à suivre. C'est ainsi qu'elle passa son badge dans une porte qui s'ouvrit sur une salle de réunion. Les salles de réunions faisaient partie du quotidien de la plupart des mafieux, mais il était clair qu'Elena n'aimait pas ce genre d'endroit. Rester assise durant des heures sur une chaise pour discuter dont on ne savait quel projet ne faisait pas partie de ses loisirs favoris. Bien au contraire, elle préférait de loin les grands espaces aux pièces confinées et par-dessus tout l'action ! Cependant, la véritable raison de la fureur violente qui s'empara de son esprit lorsqu'elle franchit le seuil de la pièce était tout autre et s'apparentait plutôt à l'homme assit au fond de la salle qui prendrait part à la réunion : Cloud Night !

Cela faisait maintenant quelques années qu'elle le connaissait et son avis restait inchangé. Cet homme ? Un pleutre ! Un scélérat ! Rien que la vision de son haut de forme noir lui donnait de multiples frissons qui lui remontaient l'échine. Déjà, pour son manque profond de goût à cette époque où les couvre chefs se faisaient rare et leur utilisation démodée. De plus, car juste à croiser son regard perfide, Elena comprenait déjà l'ampleur de grandes manigances qui pourraient avoir un effet désastreux sur les Millefiore. Pour elle, aucun doute, cet homme était un ennemi ! Il n'appartenait ni à la famille Gesso, ni à la famille Giglio Nero. Un intrus en somme ! Ce n'était qu'un embauché du fils du patron selon elle sans réel motif pour asister à ce genre de réunion. Elle jugeait que c'était le genre de choses qui auraient dû lui être interdit et s'en révoltait d'autant plus. Ce bonhomme exaspérant dans son par-dessus noir corbeau assis au fond de la salle, elle devait se mordre la langue pour ne pas lui sauté dessus pour l'étrangler et lui hurler dessus ! Les autres avaient peur de lui et des représailles qu'ils pourraient encourir en s'opposant au fils du Boss. Impuissante, elle était obligée de supporter cet énergumène à beaucoup trop de réunions selon elle.

C'est ainsi que, grinçant des dents alors qu'elle croisait son regard malsain d'assassin d'élite, elle entra dans la salle d'un pas saccadé pour s’asseoir aussi loin que possible du malfrat. Elle se détacha de ses pupilles d'or lorsqu'elle se laissa tomber sur la chaise. Ses mains se croisèrent sur la table devant elle. Une table ronde. Un bruit de glissement ramena ses yeux près de la porte et, les uns après les autres, les membres de l'escouade indépendante de la famille Millefiore se glissèrent dans la salle. Nombreux étaient ceux de la famille Gesso. En effet, les Giglio Nero n'étaient pas connu pour faire dans la discrétion et agissaient principalement pour la défense et les grandes offensives.

La plus grande appréhension d'Elena résidait dans un changement escouade. Jamais elle ne supporterait qu'on lui enlève sa mobilité et qu'on la place en défense. C'était aussi une raison pour laquelle, elle détestait les entretiens avec ses hauts supérieurs. On y parlait trop souvent des dégâts qu'elle faisait lors de ses missions. D'un certain point de vue, partout où elle allait on en parlait. Elena savait d'office que cette réunion aussi évoquerait sa non-finesse et les inconvénients dont elle faisait bénéficier la famille Gesso. Elle jugeait cependant qu'il était dans sa nature de bouger. Les reproches n'avaient jamais eut de véritable effet sur son comportement.

Tout le monde fut installé et Elena ne put de retenir de soupirer bruyamment en imaginant les heures de fatalité administrative qui l'attendaient. Elle posa ses coudes sur la table et son menton sur ses mains. Le chef de la division prit la parole et la réunion commença. Dur fut pour la jeune fille de suivre les débats, cela monopolisa toute le concentration dont la jeune femme pouvait faire preuve. Elle se mordit la langue pour ne pas répliquer lorsqu'il fut évoqué ses missions toujours aussi destructrices et peu discrètes. Elle n'avait jamais vu l’intérêt des missions qui se déroulaient sans combat ou sans explosion, sans brutalité, en somme. Et l'état brut était l'état basique de tout son être. Elle se contenta de paraître le plus calme et indifférente possible alors qu'on lui faisait des reproches selon elle injustifiés. Tout finissait toujours par apparaître au grand jour, discrétion ou pas de toutes manières.

« Retiens-toi un peu où je te mets aux arrêts ! »

Puis vint un sujet tout aussi inintéressant, la cas d'un groupe de débutants dont la première mission avait été un échec total. Le chef de la section exposa qu'il faudrait prévoir une punition pour leur faire regretter cette incapacité. Elena ne s'étonnait plus de ce genre de discussion. Au tout début, elle se révoltait et essayait de minimiser les punitions que recevaient les incapables, mais elle avait vite compris que ce n'était qu'une réalité de la mafia et qu'il ne servait à rien de les défendre. Elle assistait donc, impassible, à cette scène inadmissible. Impassibilité fortuite, car elle serrait les poings et grinçait des dents. Elle aurait pu rester sagement assise sur sa chaise et ne pas intervenir si Cloud Night n'avait pris la parole.

« Je propose une élimination immédiate et totale. »

Elle sentit le sang lui monter à la tête et se leva si brutalement que sa chaise fut propulsée contre le mur, deux mètres en derrière.

« C'est n'importe quoi ! »

Une réunion ? Encore ? Depuis mon entrée dans la Famille Millefiore, j’avais beaucoup à faire. Toute mauvaise mission était suivie d’une réunion du « Conseil ». Normalement, je n’étais pas convié à ce genre de réunions, mais, de par ma notoriété au sein de la famille, je pouvais m’y inviter. Aujourd’hui, il s’agissait d’une mission d’un échec de la part de l’escouade indépendante de la famille Gesso, dirigée par Elena Jack, une fille qui, depuis que nous nous étions rencontrés, ne semblait pas m’apprécier plus que ça. Mais je devais avouer que j’aimais me jouer de cette relation. Je me trouvais assis, dans l’un des grands sièges noirs, tout de cuir, attendant le début de la réunion. Les personnes arrivaient, les unes après les autres, prenant place tout autour de la table ronde qui nous regroupait.

Après un certain temps d’attente où je m’amusais à faire tourner mes cartes entre mes doigts, afin de faire passer le temps, la fameuse réunion commença. Le meneur entama la discussion, évoquant les nombreux échecs de missions, dus à des erreurs stratégiques, notamment le côté silencieux de la chose. Il fallait bien dire qu’à chacun de leurs objectifs, aucun n’était effectué dans les règles… Parler de ces choses m’ennuyait comme pas possible, mais en même temps, en étant ici, j’apprenais quelques choses utiles, ce qui n’était pas plus mal.

Pendant presque toute la réunion, je lançais de petits regards fourbes à la jeune Elena, pour jouer avec ses nerfs. Je voyais bien que, malgré son silence, elle luttait pour se retenir. Je pouvais le voir sur son visage, qui ne cessait de se crisper, à toute occasion. Cette demoiselle me faisait vraiment rire, au fond de moi. Puis, vint enfin le moment où le meneur demanda notre aide, afin de juger la situation. Tout autour de moi, les « conseillers » semblaient muets. Aucun n’osa prendre la parole pour annoncer son avis. Pourquoi ? Aucune idée. Lançant un regard confiant au meneur, je pris alors la parole.

« Je propose une élimination immédiate et totale. »

La réaction d’Elena fut claire et immédiate. C’était avant tout ce que j’attendais de sa part. Les hommes présents autour de la table se levèrent pour tenter de la calmer, mais rien n’y faisait. Je laissais afficher un léger sourire en voyant la situation, mais je restais assis, comme si rien ne s’était passé. Prenant le verre d’eau présent devant moi, afin de boire une gorgée, je repris.

« Asseyez-vous je vous prie. Vous avez demandé notre avis, à ce que je sache. Donc, j’expose ce que je pense de la situation. Je ne peux comprendre comment cette escouade peut échouer à ce point. Il n’est pourtant pas compliqué de se la jouer discret. Il n’y a aucun moyen de pardonner cet affront. Il s’agit de la risée de la famille, et vous comptez laisser passer cela, peut-être ? Dans ce cas, je m’en chargerais personnellement. »

Suite à son sursaut brutal, les participants à la réunion se levèrent d'un même chef. Ne connaissant que trop bien son caractère explosif et son antipathie envers l'assassin prodige, aucun d'eux ne souhaitait voir ou même avoir une salle de réunion explosée ou un QG détruit, ni même une séance à l'hôpital avant qu'elle ne se soit calmée. Elle resta interdite, immobile devant le sourire satisfait de l'homme, sentant son sang battre dans ses tempes. Elle hésitait entre sortir directement son gatling ou lui envoyer quelques coups de guns trafiqués préalablement. Un frisson de dégoût lui parcourut l'échine alors que son regard parcourait le visage de cet être abject. Elle entendit à peine la voix des hommes qui tentaient de la faire rassoir, cependant la tirade de Night qui suivit sonna à ses oreilles aussi fort que le tintement d'une cloche d'église.

Abattant brutalement son poing sur la table, elle tira la chaise de son voisin encore debout et se laissa tomber dessus. Les épaules en avant, le corps entier penché vers l'assassin elle siffla entre ses dents. Des pensées chaotiques se bousculaient dans son crâne, lui donnant presque mal à la tête. Il n'y avait pas de mots pour exprimer combien cet acte était révoltant, il était insensé et vicieux ! Ses lèvres se retroussèrent comme des babines d'animal. Elle était furieuse. Son nez se fronça tandis que devant ses yeux plissés elle imaginait toutes sortes de tortures pour punir un être aussi vil.

« Cloud Night ! » cracha-t-elle.

Ses doigts balayèrent la table devant elle. Elle planta ses ongles dans le bois et tira pour grappiller quelques centimètres vers l'être révoltant. Ses lèvres se pincèrent en un rictus méprisant.

« Tu es l'être le plus répugnant que je connaisse ! Ce que tu proposes est infâme ! Ignoble ! Tout simplement inqualifiable ! Que les meurtres te connaissent et qu'ils soient ton quotidien est une chose, mais que tu proposes d'éliminer des débutants de ma propre famille ne passe pas ! Tu n'es qu'un assassin grossier ! Une personne insupportable qui suscite un dégoût qui n'a d'égal que l'abomination de ton existence ! »

Elle lâcha la table et les deux pieds arrières de sa chaise retombèrent bruyamment sur le sol. Elle croisa les bras sur sa poitrine, cette dernière se soulevant rapidement. Elle tourna la tête vers le chef de la section qui était resté coi, assis sur sa chaise. Elle le fusilla du regard, condamnant son manque de réaction.

« J'espère que vous n'y pensez pas sérieusement ! » lança-t-elle à son intention.

Elle se mordit la langue en découvrant le regard qu'il lançait à Cloud Night. Un regard qui oscillait entre la peur et la soumission. Tout le monde profita de ce silence inopiné pour se rassoir. Le mafieux à la droite de la jeune femme brisa le silence pesant en raclant ses pieds de son ancienne chaise contre le sol si bien elle le fusilla lui aussi du regard. A cet instant, le bruit l'agaçait. Elle était là, immobile sur un siège. Elle était là, à attendre la réponse d'un vieux lâche. Elle était là, à subir le regard infâme de Cloud Night !

Elle ne put s'empêcher de laisser ses doigts pianoter sur le bois, fermant les yeux pour échapper au regard de l'assassin. C'était dans l'attente que par-dessus tout se décuplait son impatience. Impatience caractéristique. Night l’avait mise sur les nerfs. Elle tenta vainement de penser à quelque chose qui la détendrait, la ferait sourire, mais elle sentait son cœur battre trop vite à l’intérieur de sa poitrine. Elle avait beau avoir déplié ses bras devant elle, elle avait beau prendre de grandes respirations, son cœur battait encore plus vite, toujours plus vite. Et à chaque fois, elle repensait à l’horrible proposition de Cloud Night et il repartait de plus belle.

Elle entendit finalement son chef déglutir et Elena devina qu’il avait choisit sa manière de mourir.

« L’idée… »

Elle ouvrit un oeil pour regarder le visage blême du meneur. La situation aurait pu la faire rire de désarrois et de pitié s’il ne s’était pas agi des vies humaines de sa famille.

« …me semble un peu excessive » commença-t-il.

Il ajouta pressement, élevant la voix, comme s’il avait peur de représailles.

« Cependant elle est assez réaliste ! »

Elena fit racler ses ongles contre la table. Il tourna violemment la tête vers elle en écarquillant les yeux de terreur. Il était le mieux placé pour savoir qu’elle ne faisait pas dans le détail. Il savait que la destruction du QG lui retomberait dessus s’il n’était pas mort dans l’explosion.

« Nous- nous reparlerons de cette décision prochainement ! » bégaya-t-il pour s’assurer un sursit des deux côtés.

Il ne faisait aucun doute qu’il prendrait la décision dans l’ombre, lorsque l’affaire serait oubliée. Elena grinça des dents puis se décida à reprendre la parole.

« Cette réunion était-elle finie ou avez-vous encore des questions aussi idiotes à poser ? »

Elle s’attira le regard choqué de ces confrères, celui rébarbatif du chef et celui amusé de Cloud Night. Elle haussa les épaules devant ces réactions, signant ainsi une punition de la part du meneur. Le temps qu’il y réfléchisse elle décida de quitter la salle.

Elle se leva donc, cette fois-ci lentement, de sa chaise qu’elle prit le temps de remettre en place après elle, passa son lance-rocket par-dessus son épaule et tourna les talons pour prendre le chemin de la sortie. Si sa démarche paraissait calme, nul ne se faisait d’illusions. Elena n’était pas du genre à oublier facilement ou à pardonner. Elle était rancunière et se battait corps et âme pour des vengeances sans queue ni tête. Elena était simplement connue pour ne pas tenir en place, ce qui lui valait souvent des surnoms tel dynamite, bombe ou autres choses explosives qu’elle qualifiait elle-même de superficiel et d’enfantin. Sa rancune se confirma lorsqu’en quittant à leur tour la pièce, les mafieux croisèrent la jeune femme appuyée sur une rambarde, dans la salle au bout du couloir, à attendre quelque chose… ou quelqu’un.

La réunion continuait de se dérouler dans la joie et la bonne humeur, ou plutôt dans la haine et la colère. La jeune Elena, toujours aussi impulsive, ne parvenait plus à retenir ses nerfs, et se lâchait comme jamais elle ne l’avait fait. Presque aucun de ses gestes n’était mesuré, tous étant exécutés sur le coup de la colère. Dans cet état, elle ne semblait presque plus se préoccuper des personnes qui l’entouraient, à part bien sûr quelques-unes, c’est-à-dire le meneur et moi. Me regardant d’un air méprisant et plein d’amertume, la jeune femme décida de m’adresser la parole, directement. Mon nom sortit de sa bouche comme un aliment que l’on venait à recracher, puis vinrent les mots qu’elle tenait à me lancer en pleine face.

Selon elle, je n’étais qu’un être abject, n’ayant qu’une pensée en tête, l’assassinat. Ceci était vrai, d’une certaine manière, mais je savais tout de même me contrôler quand il y en avait besoin. Cependant, je n’avais jamais pu accepter qu’une mission soit en partie réduite à néant pour cause de mauvais comportement et de non-respect des règles. Etant un assassin de renom, j’avais l’habitude d’exécuter les ordres avec le plus de retenu possible et avec beaucoup d’analyse. Ne sachant que faire, je me contentai d’un sourire confiant et taquin, exprimant tout mon mépris envers elle. Cette fille me faisait rire, vraiment. Elle me plaisait bien.

Tout ce qu’elle attendait, c’était une réponse de la part du meneur, quant à ma proposition d’élimination. Etant absolument contre cette option, celle-ci ne comptait sûrement pas faire une telle chose, et je m’y attendais. L’homme, à deux doigts de faire une crise de panique, parvint à sortir quelques mots. D’après ce qu’il venait de dire, nos deux interprétations étaient justifiées. D’un côté, il trouvait la punition trop excessive, se rangeant donc du côté d’Elena, de l’autre, il la trouvait tout à fait réaliste, se rangeant alors de mon côté. En réalité, le meneur était tellement effrayé qu’il ne souhaitait pas s’attirer les foudres du ciel. Je n’avais qu’une chose à dire, suite à ça.

« Aucune personne n’est mieux placée qu’un véritable assassin pour tirer les ficelles d’une escouade comme celle-ci, et encore moins vous, bande d’incapables. »

Je restais cependant assis à ma place, alors que la salle commençait à se vider peu à peu, suite à la décision du meneur, celle de mettre un terme à cette réunion. Elena était l’une des premières à sortir, folle de rage, mais essayant tout de même de se contenir. Moi, j’étais le dernier, comme toujours. Il n’y avait nul besoin de se presser, je prenais mon temps. Une fois sorti de la pièce, je m’engageais dans une voie qui me permettrait une petite approche par surprise. Elena était appuyée contre une rembarde, près des ascenseurs, probablement en train de m’attendre, pour que l’on règle nos comptes. Mes papillons sortirent, eux, près d’elle, venant pour la plupart se poser sur son corps, sans même qu’elle ne puisse s’en rendre compte. Seuls quelques-uns volaient autour, exécutant de parfait battements d’ailes en synchronisation. Pendant ce temps, alors que je sortis de l’ombre, dans son dos, mes papillons, collés derrière elle, semblaient ravis de ce festin de flamme. Je soulevais mon haut-de-forme, le gardant dans la main, laissant enfin mes cheveux éblouissant respirer.

« Tu m’attendais, Elena ? Si tu as besoin de régler des comptes, je suis là désormais. Cela serait tout de même embêtant de s’en prendre à plus faible que toi, tu ne crois pas ? »

Elena était là, dans ce hall immense, accoudée à une barrière dérisoire dont le verre donnait des vertiges. C'était la salle qui reliait toutes les parties du QG, sa colonne vertébrale en somme. Elle était ronde et spacieuse, accueillant en ses murs les ascenseurs dont les allers-retours incessants donnaient le tournis. Ouverte en son centre sur tous les étages elle se terminait par une coupole en verre d'une finesse et d'une beauté qui faisait frémir la jeune femme. Cependant à cet instant, l'attention de cette dernière était focalisée sur tout sauf la décoration du lieu où elle se trouvait. Elle attendait dans une colère terrible, une colère effroyable et la colère avait chez elle une vertu étonnante. Elle réveillait ses sens et la mettait en alerte. Il n'y avait pas d'état plus propice, plus adéquate au combat chez elle que la colère. Elle émettait des flammes douces qui l'enveloppaient à cinq mètres à la ronde.

Ainsi elle sentit Night bien avant qu'il ne lui parle. Il avait une aura bien particulière qu'elle aurait pu reconnaître à un kilomètre à la ronde. Une aura qu'elle préférait qualifier de puanteur de lâche. Un lâche qui apparemment prenait plaisir à l'attaquer dans le dos. La colère qui grondait en elle gonfla, prit une ampleur plus grande, l’emplit totalement et Elena éclata de rire. Un rire malsain. Un rire fou. Un rire incroyable de justesse. Elle se retourna vers l’assassin, le postérieur toujours appuyé à la rambarde et riva ses yeux dans les siens.

« Pas étonnant que tu sois un assassin prodige ! Quel lâche, aucun courage ! »

Son sourire n’était plus qu’un rictus qui hésitait entre la crispation et la folie et son regard était ouragan de sentiments. Pourtant au milieu de ces vents déchaînés subsistait une émotion tellement plus forte et plus importante que les autres : une détermination sans limite, une volonté sans bornes. Une colère puissante et destructrice. Ses doigts étaient si serrés sur la poignée de son arme que ses phalanges en blanchissaient.

« Laisse-moi graver dans ma mémoire ton si pitoyable visage ! »

Elle lécha le canon de son pistolet, un sourire malsain aux lèvres.

« Parce que oui, Cloud Night, tu me fais pitié ! Et tu me fais rire aussi ! Des papillons ? Si fragiles ! Tellement sensibles aux intempéries ! »

Elle aurait pu l’attaquer de front comme c’était caractéristique chez elle, mais sa colère faisait d’elle un être différent. Et là, les perceptions déployées aux extrêmes, elle apprenait à user de sa cervelle. Elle n’était pas idiote au point de croire que ces beaux papillons à la vie si tangible étaient inoffensifs. Il n’y avait de doutes qu’ils étaient utilisé par un assassin de renom et en somme, loin de l’impression de fragilité qu’ils pouvaient dégager. Alors, comme ci c’était la chose la plus logique à faire, elle poussa sur ses jambes et se laissa basculer par dessus la barrière, dans le vide. Casse-cou qu’elle était, elle ne se souciait pas de son état physique en général, mais elle n’était pas assez idiote pour laisser son adversaire s’abreuver de ses flammes. Il avait tort de la sous estimer comme elle aurait eut tort de faire de même, mais Elena n’était pas très connue dans la famille, ce qui au-delà de sa discrétion à taux zéro, lui assurait des avantages. Elle avisa son lance-rocket, toujours accroché dans son dos, le lança vers la coupole avec son pistolet et tomba dans la fontaine deux étages plus bas dans un bruit d'eau assourdissant. Elle en ressortit presque instantanément. Ses armes lui retombèrent entre les mains.

Elena n’était pas et n’avait jamais été un modèle de perfection, mais s’il y avait une chose qu’elle savait faire dans sa vie, c’était se battre ! Combattante dans l’âme, elle se donnait toujours corps et âme à son instinct. Une fois le combat débuté, elle devenait une machine rodée à la destruction, capable de véritables tueries, de véritables massacres. Et Elena était partie. La jeune femme avait lancé son mode combat. Son rythme s’accordait à celui de Night et dans le combat, en tant qu’assassins, ils se retrouvaient.

Elle envoya immédiatement une rocket deux étages plus hauts. C’était plutôt pour faire bonne figure qu’autre chose, Cloud Night devait déjà y être préparé. Le souffle de l'explosion la propulsa hors de la fontaine et elle se retrouva dos à un mur encore d'une blancheur éclatante. Dégoulinante, elle esquissa un petit sourire lorsqu'elle vit la silhouette de l'assassin se profiler dans la poussière. Elle aimait se battre, par-dessus tout. Elle passa son revolver à sa ceinture, plaça ses lunettes d’aviatrice sur ses yeux et attrapa son arme à deux mains.

Tout le monde savait que l’eau avait des effets néfastes sur les insectes. Les papillons ne faisaient pas exception à la règle. Un insecte gracieux, un insecte discret, un insecte fragile. Et Elena n’aimait pas les choses fragiles. Elle n’aimait pas les choses gracieuses et discrètes. Et à cet instant, elle haïssait les papillons car ils s’associaient à Cloud Night. Ce fourbe ! Quel tour allait-il encore lui sortir de sa poche ?

Elle fit à peine attention au morceau de gravas qui manqua de lui écraser le pied. Cloud Night avait eut assez de temps pour préparer un tour élaboré et rodé d’expérience. Elle savait de lui qu’il se battait avec des cartes, mais n’en avait jamais appris plus. Pour cause, tous ceux qui avaient croisés sa route étaient morts. Elle serra les dents. Quel abominable personnage ! Ses pas l’écartèrent du mur tandis qu’elle tournait autour de l’assassin. Hors de question de se faire coincer par un mur stupide !

La jeune femme, tellement énervée par mon comportement à l’égard des autres, n’avait qu’une envie, m’abattre sur le champ. Elle savait que j’étais là, elle avait senti ma présence, probablement grâce à une zone qu’elle avait formée grâce à sa flamme du Soleil. Cela n’avait pas d’importance en soit, car dans tous les cas, je ne l’aurais pas eu avec de simples papillons imbibés de ma flamme du Nuage. Il fallait bien plus que ça pour l’endommager. Cependant, qu’elle ne se méprenne pas, j’avais d’autres atouts en poche… Celle-ci n’avait aucune information à propos de mes cartes et de leurs facultés, ce qui me laissait un léger avantage, du moins du point de vue de la surprise. A mon apparition, son comportement changea, étrangement. En plus de la colère, celle-ci semblait dégager une certaine folie, presque indomptable. Ses paroles se faisaient brusques et hautaines, m’envoyant quasiment en bas de l’échelle, et pourtant, elles ne m’atteignaient guère.

La regardant, simplement, ayant l’air de rien, je ne répondis pas. Le simple fait de ne pas lui répondre pouvait la mettre encore plus en rogne, et c’était ce que j’attendais. Je voulais du niveau, quelqu’un qui puisse rivaliser un peu avec moi, chose pour laquelle je n’avais pas été habitué. Je me contentai d’admirer ses mouvements et ses réactions, pour être capable de la prendre à revers. D’après ses dernières paroles, Elena semblait avoir une idée en tête. Effectivement, en poussant sur ses jambes, elle se laissa tomber en bas, là où reposait une admirable fontaine d’eau claire. Le bruit de l’atterrissage fut particulièrement important, envoyant même des gouttelettes d’eau jusqu’à ma position. Je n’en attendais pas moins de sa part. Elle avait raison, la plupart des insectes étant hydrophobes, celle-ci avait réussi à les neutraliser un petit moment, imbibant leurs ailes d’humidité.

Arrivée deux étages plus bas et encore debout dans l’eau grouillante de la fontaine, Elena arma son Bazooka, afin d’envoyer un missile directement dans ma direction. Elle savait probablement que, de cette façon, j’aurais le temps et la possibilité de m’écarter de l’explosion. Entouré d’une épaisse fumée grisâtre, je me posai sur le dessus de la rambarde, usant de mon agilité pour me rendre au même étage qu’elle, m’agrippant à divers rebords, pour ne pas avoir à sauter comme elle l’avait fait. La fumée se propageait même à cet endroit me laissant presque sans vision. Heureusement, la silhouette de la jeune femme était visible, ce qui était largement suffisant pour ce que j’avais à faire. Plongeant ma main gauche dans l’une de mes poches et la main droite dans une autre, j’attrapai un paquet de cartes ainsi qu’un paquet de cigarettes. J’aimais fumer en plein combat, cela me détendait… Clope au bec et cartes à la main, j’exécutai un rapide mouvement vers l’arrière, tellement rapide qu’un œil non entraîné n’aurait la possibilité de voir qu’une tâche se déplacer. Ceci me permit de sortir du rempart de fumée et donc aussi, de la vision de mon adversaire. Tirant une carte au hasard dans ce paquet, je parvins à sortir le Trois de Carreaux. M’empressant de m’équiper des cartes correspondantes, je m’occupai ensuite de disperser chacune d’elle, à intervalles irréguliers, dans plusieurs coins de la grande pièce, me permettant de créer une légère diversion par le bruits des petites explosions. Cela me donnai probablement un petit avantage de zone, puisqu’elle ne savait peut-être pas où je me trouvais réellement, de ce fait.

Ceci fait, je m’accordais une petite danse en me dirigeant vers elle. Me servant de l’environnement pour m’accrocher et donc me déplacer de rebords en rebords, j’arrivais devant elle, presque accroupi et lui assénai un puissant coup de poing dans les côtes, afin de la déstabiliser quelque peu. Mon éternel sourire demeurait sur mon visage amusé, alors que je pris la parole, tout en frottant légèrement ma veste pour y enlever la poussière déposée.

« Mon costume a été sali par ta faute… Mais peu importe, tire une carte, veux-tu ? J’aimerais voir… Si tu es assez chanceuse pour décider de ton sort. »

Il était là, devant elle, et l’instant d’après il se fondit dans l’épaisse fumée. Elena redoubla d’attention. C’était plutôt mauvais. Elle préférait en général avoir ses adversaires en visuel mais celui-ci aimait se cacher. Elle se lécha les lèvres. Soit, il en serait ainsi. Elle raffermit sa prise sur le manche et ferma les yeux un instant, cherchant sa position. Vain. Inutile. Elena avait les tympans trop abîmés par ses armes à feu pour percevoir les minces bruits de pourrait faire cet adversaire. Elle avait d'ailleurs pour habitude de porter des boules Quies, mais trop prise par les évènements, elle n'avait, aujourd'hui, pas pris le temps de les mettre. Elle continua à se déplacer dans la salle jusqu'à ce que des détonations parviennent à ses oreilles. Immobilité. Son ouïe était mauvaise mais pas assez pour ne pas entendre les déflagrations qui résonnaient par intermittences régulières dans le hall.

Elle esquiva de justesse un projectile qui passa à deux centimètres de son visage pour aller exploser trois mètres plus loin. Un leurre ! La jeune femme serra les dents. A défaut de son ouïe, Elena possédait une vue parfaite. La vue qui lui avait valu un poste d’aviatrice dans l’armée de l’air italienne. Bien qu’altérée par la fumée, elle avait vu de très près le leurre. Trop près pour qu’elle ne puisse savoir de quoi il s’agissait. Une carte. Il utilisait ses fameuses cartes et apparemment, elles avaient la capacité spéciale d'une bombe à retardement. Les explosions n'étaient pas ahurissantes ou extraordinaires, mais elles suffisaient à déstabiliser n'importe quel adversaire. Elena y comprit.

Elle soupira discrètement. Elle avait appris avec le temps à compenser ce genre de désagréments avec des stratégies plus ou moins élaborées, dont la plus part consistaient à foncer dans le tas. Cloud Night n’était pas phénoménal en soi, mais il était intelligent. Un véritable danger, en somme. Un adversaire à ne pas prendre à la légère. Elena, cependant, restait la même et toujours fidèle à elle-même, c’est pourquoi, lorsqu’elle enfila ses boules Quies, une multitude d’idées farfelues naquirent dans sa tête.

La colère s’était transformée en une émotion sourde et froide. Après la contrainte et le bouillonnement du sentiment, un calme froid était descendu en elle, couvrant de ses bras glacés l’explosion qui menaçait. Elle passa ses doigts sur le montant de ses lunettes d'aviatrice et les glissa sur ses yeux.

Aujourd’hui, Cloud Night était définitivement son ennemi. Aujourd’hui, il paierait ses infamies. Aujourd’hui… La jeune femme leva le regard vers la coupole. Ce QG prendrait un coup. Un gros coup. Une seconde d’inattention, une seconde de trop. Elena eut à peine le temps de voir arriver le coup. Il arriva accroupi devant elle et se redressa pour lui envoyer un coup. D’un réflexe salvateur, elle rejeta son corps en arrière, basculant vers le sol. Elle grimaça lorsque son poing emboutit malgré tout ses côtes et balança ses bras en arrière pour les poser sur le sol et d’une pirouette improvisée, ratterrit sur ses pieds à deux mètres de l’assassin. L’action lui coupa le souffle. Ce fut juste assez pour laisser au Millefiore le temps de se redresser et d’enlever brièvement les gisements de plâtres de son pantalon noir. Noir… comme les Giglio Nero.

« Mon costume a été sali par ta faute… Mais peu importe, tire une carte, veux-tu ? J’aimerais voir… Si tu es assez... »

Le reste de sa phrase s’évanouit dans le bruit de la roquette qui explosa. Elena roula sur le sol pour supporter le choc, elle replaça son lance-roquette sur son épaule pour une deuxième déflagration. Malheureusement pour Night, Elena avait sorti un plan bien plus pragmatique de sa mémoire fertile dès l'instant où elle l'avait vu s’accroupir devant elle. A cette distance là, avec ce timing, il n'aurait pas la chance d'esquiver l'entièreté de la charge ou alors sa prestation relèverait du miracle.

Elle tira.
La déflagration la propulsa à l'autre bout de la pièce. Son dos fut mis à mal par la puissance de l'attaque. La jeune femme était solide cependant, elle sauta sur ses pieds et balaya l’espace d’un mouvement de son arme. Reflexe. Elle passa son arme sur son dos, glissa ses doigts dans une fissure, se hissa de ses bras, crocheta le bord de la barrière, sauta. Une base. Elle attrapa le poteau d’une fin d’escalier et monta les marches quatre à quatre. Sans aucun état d’âme pour l’ascenseur qui dépourvu de ses câbles s’écrasa au dernier étage dans un fracas épouvantable.

Elle sentait l’adrénaline courir en elle par vagues d’énergies lorsqu’elle posa le pied sur la barrière de verre, au dernier étage, en équilibre. Une bague glissa sur son doigt.

Elle haïssait Cloud Night.
A cet instant, plus que n'importe quel homme.

La bague prit feu, d'un feu étincelant, projetant ses reflets mouvants dans la fumée, une fumée qui à cet instant de répit, se dissipait peu à peu. Tandis que certaines particules choisissaient la fuite par les aérations et de que d'autres se laissaient tomber à terre posément, Elena bouillonnait de haine.

Nouveau sursaut de colère.

Une boite glisse entre ses doigts, hors de sa poche. L'anneau se fissure. Il craque, gémit sous la pression des flammes qui émane. La jeune femme perd le contrôle de sa rage. Elle s'emporte, elle s'irrite.

Fureur.
Puis déflagration.

L'anneau explose. La barrière cède. Elena se redresse au milieu des morceaux de verres, une gatling entre les mains.
Promesse de ravages.

Ma ruse, permettant de me rapprocher d’Elena, en attirant son attention à différents endroits, avait plutôt bien marchée, même si elle était parvenue à esquiver mon coup, en partie. A la place de son visage, j’avais pu emboutir ses côtes. D’habitude, ces choses simples marchaient comme sur des roulettes avec des types disons… normaux. Cependant, Elena était différente. Le Boss ne l’avait pas recrutée pour rien, comme tous les autres d’ailleurs. D’ailleurs, elle riposta très vite. Je n’en attendais pas moins d’elle, vraiment. Une première rocket vient s’échouer près de moi, provoquant un vacarme par possible, et me laissant quelques blessures, au niveau du visage. De plus, mes vêtements furent légèrement déchirés, ce qui avait le don de me mettre sur les nerfs, en général.

Je ne lui tenais cependant pas rigueur, cette fois-ci. J’étais beaucoup trop concentré sur le combat qui nous opposait. Face à ce premier tir, je n’avais pas été en mesure de me défendre. Mais, la connaissant, je savais très bien qu’elle recommencerait, le plus tôt possible. Mes cartes sortirent, volant tout autour de moi, au moment où elle lança l’assaut. J’eus à peine le temps de reculer d’un pas, pour prendre un peu mes distances, avant de m’entourer de nombreuses cartes. J’allais m’en servir comme d’une carapace. Celles-ci se multiplièrent, prirent de l’ampleur, et devinrent plus solide, du fait de leur densité changeante. Se superposant les unes sur les autres, tout en se multipliant, elles encaissèrent les dégâts causés par le tir. Cependant, la force de l’explosion avait réussie à me faire reculer sur plusieurs mètres.

La jeune Elena put me voir, en plein milieu d’une nouvelle couche de fumée, grisâtre cette fois, entouré d’une épaisse couche d’acier, formant comme une boule. Je pris alors la parole, levant la tête vers elle, alors que mes cartes se desserrèrent pour finalement tomber au sol.

« Ta puissance de feu est incroyable, Elena. Mais ne me sous-estime pas pour autant. Mes cartes ne possèdent pas seulement une caractéristique offensive, elles peuvent aussi me servir de défense. Une carapace quasi-impénétrable, grâce à mon attribut. »

Alors qu’elle se trouvait en hauteur, au niveau de l’étage le plus haut, elle semblait préparer quelque chose. Une énergie incroyable parcourait son corps, et semblait émaner de l’anneau qu’elle portait à son doigt. A ce que je pouvais voir, elle s’apprêtait à utiliser une boite arme, que je n’avais encore jamais vu, en ce qui la concernait. Au bout d’un certain temps, son anneau se mit à exploser, laissant place à une imposante vague d’énergie, finalement devenue arme. Alors sa boite renfermait une.. Gatling ? Tout cela s’annonçait intéressant. J’aimais beaucoup découvrir de nouvelles choses sur mes adversaires, surtout quand il s’agissait de choses intéressantes, comme celle-ci. Je fis alors appel à l’un de mes papillons, pour lequel la densité et la taille avaient été augmentées. Je m’en servis pour m’élever à la même hauteur qu’elle, debout sur l’être planant… Je savais très bien que la première chose qu’elle tenterait de faire, c’était de l’exploser, afin que je m’écroule au rez-de-chaussée. Mais malgré tout, je restai dessus, fier. A quoi bon choisir la sécurité, dans un combat si fougueux ? Je n’en voulais pas.

Finalement, je m’envolai encore un peu plus haut, quasiment à la hauteur du plafond de la salle, c’est-à-dire quelques mètres au-dessus d’elle. Je sortis alors des cartes. Cette fois-ci, je n’avais pas envie d’y aller en comptant sur le hasard. Je pouvais donc me permettre de « tricher » en quelque sorte. Les cartes gagnèrent un petit coup de boost, voyant leur taille et leur densité augmenter, alors que je les envoyais droit vers Elena. Cependant, elle avait sûrement dû remarquer qu’elles semblaient différentes, ou peut-être pas…

« Tu aimes les explosions, n’est-ce pas ? Alors prépare-toi à voir un beau feu d’artifices, ma chère. Mais fais attention à toi car ces cartes pourraient arriver plus rapidement que tu ne le penses… Goûte au principe de l’énergie cinétique ! »