Sujet: Il pleut dans la nuit ♪ [PV Vittoria] Mer 13 Juin - 15:00
Dernière édition par Uriel Albarosa le Mer 4 Juil - 16:21, édité 9 fois
Vittoria Rossi
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Sujet: Re: Il pleut dans la nuit ♪ [PV Vittoria] Mer 27 Juin - 22:54
Quand elle ouvrit les yeux, le ciel était d'encre et pas une seule étoile ne brillait. Il était tôt, mais cela ne semblait pas déranger l'imbécile qui la secouait comme un prunier dans l'espoir de la sortir de son sommeil profond. Il la redressa sur son lit sans ménagement et ce brusque mouvement lui donna le tournis. Elle voulait dormir. Elle n'en avait pas vraiment eu l'occasion ces derniers temps et la fatigue amassée durant ces trois jours allait bien finir par la terrasser. Elle se frotta longuement le visage pour en chasser la fatigue, s'habilla rapidement d'un bermuda et d'un pull et traina des pieds jusqu'à la cuisine. Sur la table une liasse de billets. A côté des billets, une feuille de papier recouverte d'une écriture illisible pour ces yeux fatigués. Très peu savait écrire correctement ici et ceux qui le savaient ne maîtrisaient vraiment pas l'art de la calligraphie. Elle avait essayé de leur apprendre, mais ils avaient vu d'un mauvais œil le fait qu'une gamine dans son genre leur fasse la leçon. C'était surtout leur fierté de mâle en rut qui en avait pris un coup. Mais ce n'était que des imbéciles après tout et il n'y avait rien d'étonnant à cela. A force de s'abaisser au même niveau que les animaux, on en finissait bien par en adopter les habitudes.
Elle attrapa le papier et le déchiffra tant bien que mal. C'était une liste de courses et, évidemment, l'argent n'était pas là pour son usage personnel. Elle se tourna vers l'homme qui avait eu la bonté de la réveiller tout en finesse et l'interrogea du regard. « Ce n'est pas un peu trop tôt pour aller à l'épicerie ? » Son rire gras lui fit comprendre qu'il n'était jamais trop tôt pour le chef. Elle soupira et ravala la remarque acerbe qu'elle s'apprêtait à lui cracher au visage. Cela ne servait à rien de s'énerver. « Crois moi, le temps que tu y ailles, elle sera déjà ouverte. Dépêche toi, tu ne veux quand même pas qu'il se réveille en ayant rien à manger ?! » II avait beau sourire, elle aussi souriait intérieurement. Il était comme elle au fond, tout en bas de l'échelle. Il se sentait supérieur parce qu'elle était forcée de lui obéir, mais les autres le traitaient avec la même méprise qu'ils la traitaient. Elle se sentait presque triste pour lui. Elle rangea l'argent dans une de ses nombreuses poches et fila vers le hangars où son vieux vélo rouillé l'attendait. Le soleil commençait à poindre à l'horizon.
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Un sac accroché de chaque côté du guidon, elle peinait à avancer le long de la route, déséquilibrée par le fardeau qu'elle portait depuis plusieurs kilomètres maintenant. Elle avait déraillé à l'allée - c'était à prévoir vu l'état de la bicyclette - et à présent c'était à pied qu'elle devait rentrer. Cela devait bien faire quatre heures qu'elle était partie, voire plus. Elle avait perdu la notion du temps. Le ciel était couvert et sombre et elle risquait fort de faire le reste du chemin sous la pluie, mais ce n'était pas ce qui la gênait le plus. Elle savait qu'on allait finir par se demander où elle avait bien pu aller avec l'argent. Peut être même qu'ils avaient fini par envoyer des hommes à sa recherche. Pas par inquiétude. Juste pour montrer qui commandait et qui obéissait. Elle était juste un mouton égaré qu'on allait ramener bien sagement à l'enclos. Qu'ils viennent, elle les attendait de pieds ferme. Ce n'était pas comme si elle avait quelque chose à se reprocher. Et puis si cela lui permettait d'éviter de marcher des heures durant, elle ne disait pas non. Même au risque de se voir affliger toutes sortes de corvées désagréables en gage de sanction.
Elle poussa le vélo jusqu'au bord de la route et se laissa choir à l'ombre d'un arbre. Étendant ses jambes douloureuses, elle s'étira longuement tout en jetant un rapide coup d’œil sur la voie goudronnée. Elle n'était pas pressée de rentrer. Elle se sentait bien, détendue, presque euphorique. C'était bien la première fois qu'elle s'autorisait un repos pourtant bien mérité et être assise ainsi à l'ombre ravivait des souvenirs d'Italie. Des souvenirs au parfum d'océan et aux senteurs de fleurs. Des souvenirs lointains qu'elle avait soigneusement gardé au fond de sa mémoire. Des souvenirs qui l'aidaient à supporter tout ce qu'elle avait enduré jusqu'à présent. Des souvenirs qui brillaient au bout du tunnel obscur dans lequel elle s'était malencontreusement engagée quelques années plus tôt. Comme une bouée de sauvetage qui lui permettait de garder la tête hors de l'eau. Lentement, elle ferma les yeux pour finir par s'endormir, un goût de miel dans la bouche.
Ce fut la fraîcheur du soir tombant qui la tira de sa léthargie. Le jour avait décliné trop vite à son goût et bien qu'elle se sentait reposée, c'était maintenant la faim qui la tiraillait. Comme pour le souligner, un grondement sourd s'éleva de son ventre et elle se tourna instinctivement vers les provisions qu'elle avait acheté. Ils n'était pas venu la chercher au final et même si 'elle risquait gros à présent, il était trop tard pour regretter son choix. Personne ne la punirait si un petit pain disparaissait mystérieusement du paquet et c'est avec cette idée en tête qu'elle se remit en chemin, grignotant avec appétit ce qu'elle s'était autorisée à manger. Quand elle arriva enfin au hangars, pantelante, elle sut tout de suite que quelque chose clochait. Elle était habituée aux rires et aux cris et elle savait très bien que l'alcool déliait facilement les langues pourtant c'était un silence de plomb qui l'accueillit. Un silence oppressant qu'une voix masculine et sibylline brisa. Ses yeux se posèrent d'abord sur les corps qui jonchaient le sol du hangars puis caressèrent avec prudence les formes de l'inconnu. Son cerveau fit le lien entre les deux et tira la sonnette d'alarme lorsqu'elle comprit que cet homme, à lui seul, c'était débarrassé de ses persécuteurs avec une apparente aisance. Crier ou courir. Elle hésitait encore sur lequel choisir. La pluie, douce amie au contact rassurant lui offrit une troisième possibilité, le courage.
« Je suis là parce que je suis trop lâche pour fuir ces hommes et trop lâche pour les affronter. Je .... Je veux juste rentrer chez moi. »
Sujet: Re: Il pleut dans la nuit ♪ [PV Vittoria] Mer 4 Juil - 15:21
Son regard balaya les docks. Au milieu de la nuit, les ombres difformes des grues, des gigantesques conteneurs, des baraquements en bordure de la mer se fondaient en une masse sombre et inquiétante que les mats des lointains navires, perçaient par endroits. Un nuage de fumée s’échappa de ses lèvres et se posa lentement sur la toile monochrome qu'il observait. Telle la touche finale de ce tableau inerte, le vernis grisâtre ajouta une touche de macabre. Le souffle de la mort… Le néant de la nuit… Un monde vide, peinture de son âme sordide.
* Uriel… Tu es trop nostalgique ! *
Le voile sombre qui s’était posé sur mes yeux un instant disparut au moment où je détournais mon attention de ce qui nous entourait pour me reconcentrais sur Vittoria. Cette fille n’était pas n’importe qui. Je l’avais déjà rencontré, à une autre époque, dans un autre monde et je savais déjà de quoi elle était réellement capable. Même si dans l’état actuel, son visage déformé dans une mimique de surprise, mêlé à la crainte lorsqu’elle contempla le carnage à l’intérieur du hangar, n’avait aucun rapport avec celui qu’elle abordait usuellement face aux situations de ce genre. Comme je l’imaginais, elle était différente de celle que j’avais connue. D’abord par son âge, puis par son attitude pusillanime, mais c’était surtout son regard qui la distinguait complètement. Apeuré, presque terrifié, on pouvait lire à travers ses yeux une forme de soumission à son destin. Comme si elle n’avait aucune volonté de changer les choses d’elle-même, de se battre contre les injustices qui la frappait, contre les malheurs qui l’affligeaient. Une ombre furtive passa sur mon fasciés, le dévisagea une seconde pour lui donner les traits du mépris et disparut aussi soudainement qu’elle était apparu. Pendant une seconde, j’avais éprouvé du dégoût pour cet être qui n’avait rien, si ce n’est l’apparence, de la Vittoria que j’avais connu. Pendant une seconde, je m’interrogeais sur la marche à suivre : la méritait-elle, cette chance de transformer sa vie d’asservie ? Etait-elle digne de devenir l’acteur de sa destinée ou ne valait-elle pas mieux qu’un simple pion sur l’échiquier ?
« Je suis là parce que je suis trop lâche pour fuir ces hommes et trop lâche pour les affronter. Je .... Je veux juste rentrer chez moi. »
Désarmante lucidité… Finalement elle n’était pas si étrangère à l’autre Vittoria, toutes deux avait en commun cette capacité à me surprendre sans cesse et cette simple pensée balaya mes doutes. Peu importe que cette fillette n’ait rien de la femme qu’il avait connu. Elle avait en elle les mêmes prédispositions, il ne suffirait plus que de la façonner à l’image de son alter égo et peut être qu’alors, il retrouverait la véritable Vittoria Rossi… Sa gardienne de la pluie ! Une goutte de pluie s’écrasa sur sa cigarette, l’éteignant aussitôt. Ses sœurs vinrent ensuite mouiller mes cheveux, puis s’attaquèrent à mes épaules avant de se retrouver confronter à un bouclier sortit de nulle part. Ainsi abrité sous mon parapluie, je jetais ma cigarette derrière moi et me rapprochais de mon interlocutrice pour la protéger elle aussi. Apparemment, elle préférait rester là à se faire tremper, plutôt que de s’abriter l’intérieur du bâtiment qu’elle appréhendait. Je restais ainsi quelques instants à contempler le carnage de Raphaël face à nous, et comme toujours lorsque je constatais l’ampleur de ses dégâts, je ne pus m’empêcher de penser, ô combien il deviendrait une arme destructrice entre mes mains expertes.
« Trop lâche ? Je ne pense pas que la lâcheté ait quoique ce soit à voir avec ça. N’importe qui possède en lui un instinct de survie qui le pousse à privilégier sa sécurité plutôt que le reste. Par ailleurs, je sais qu’il y a en vous bien plus de courage que chez la plupart des habitants de cette planète. Vous n’avez simplement pas encore trouvé le moyen de le trouver, de l’atteindre et de l’utiliser. »
Je laissais la parole à la pluie, le roulement incessant de ses larmes frappant le sol inlassablement avait toujours été le meilleur réconfort que pouvait espérer la jeune fille. Peut-être qu’une fois rassuré par la pluie elle changerait de regard sur moi. Elle cesserait de me considérer comme le vulgaire assassin de ses tortionnaires mais, plutôt comme l’ange gardien que j’espérais devenir pour elle. Un soupir franchit mes lèvres, je doutais que les choses se fassent aussi simplement.
« Si vous me le permettez Vittoria, je souhaiterais vous aider dans cette entreprise. A moins que la lâcheté que vous revendiquez et qui semble dominer votre existence, ne vous convienne parfaitement. Auquel cas, rentrez-chez vous dès maintenant et je disparaitrais de votre vie cette nuit. »
Alea Jacta Est…
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Sujet: Re: Il pleut dans la nuit ♪ [PV Vittoria]
Il pleut dans la nuit ♪ [PV Vittoria]
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